Heaven ; Walk on the redemption's road.

L’oubli, quelque chose de si banal et à la fois si précieux. Tout le monde oublie. On oublie des mots, des paroles, des odeurs, des visages, des pans entiers de nos vies parfois. On oublie. Selon Proust, « l’oubli est un puissant instrument adaptation à la réalité parce qu'il détruit peu à peu en nous le passé survivant qui est en constante contradiction avec elle. » que serait la vie sans oubli ? Se souvenir de tout, sans que rien ne nous échappe. Se souvenir de chaque lieu, de chaque blessure, de chaque traitrise, mais également de chaque baiser, de chaque caresse. Il y a des raisons à l’oubli. Si vous deviez vous souvenir de tout, vous deviendriez fou. Mais parfois, se souvenir fait du bien. Lorsque l’on a perdu sa véritable identité, lorsque la personne que l’on croise dans le miroir n’est pas la personne que l’on a connu, ou celle que l’on aurait voulu être. Le souvenir réchauffe, il réconforte les cœurs blessés, si l’on ne pouvait pas aller s’y refugier, nous serions confrontés au malheur le plus total, une absence de domicile, l’incapacité à se remémorer qui l’on est. Le souvenir. Il s’agit du « seul paradis dont nous ne puissions être expulsés », si l’on en croit les dires de Jean-Paul Richter. Ne pas oublier, ne pas se remémorer, quelle est la véritable tragédie ? L’homme, l’humanité elle-même n’est qu’une tragédie. Elle veut se séparer d’images qu’elle refoule, au plus profond d’elle, pour que jamais personne ne découvre de quoi elle est composée, en réalité. Et d’un autre côté, donnerais tout, simplement pour rejouer une scène, un moment, un instant, comme s’il était au présent. Oublier, se souvenir. Deux souhaits contradictoires et à la fois tellement complémentaires dans l’existence humaine.

Je le comprends tellement, mon passé m’est bien trop présent, mais d’un autre côté, les paroles de Kierkegaard ont un sens pour moi. « Parce que je me retourne vers le passé, je vois l’avenir. » Il ne pourrait en être autrement. Si je suis ce que je suis, c’est à cause, ou grâce, tout dépend des points de vue, de mon passé. Tout homme est divergeant et apporte ses divergences, je vous laisserais donc en juger par vous-même. Mon passé me hante, à chaque instants, je revois mon ancienne vie, lorsque j’étais la demoiselle aux yeux bleus. Je revois celui avec qui je n’aurais jamais du être et ceux avec qui, peut-être, j’aurais du rester. Mais pourquoi rester dans une vie qui n’est pas pour nous ? Simplement parce que l’on est différents. Mais ne sommes-nous pas créés pour être unique, dissemblables les uns des autres, au lieu de se comporter comme des moutons face à l’autorité ? On se croit tous libres, alors que les pressions que nous subissons nous font parfois commettre les pires actes, les plus abominables. Je le sais. Je l’ai vécu. L’ignorance, la naïveté, la confiance, l’incrédulité, tant de sentiments traitres au service de l’autorité. Tant d’âmes se sont vues essoufflées par cela, arrachées de leur corps. Je veux oublier les actes que j’ai commis. Mais de toute manière, lorsque je mourrais, je ne connaitrais pas la paix. Mais la damnation, une condamnation à expier tous mes péchés. Ils sont tellement nombreux. Bien que peu le sache, j’ai été une personne abominable, car bien trop aveugle et languis par la tristesse. Je tente d’oublier, de me rappeler ma véritable identité, mais le chemin de la rédemption est long…